Le projet D3E, lancé fin 2011, à l’occasion de la SERD 2012 a connu un certain nombre d’évolutions. Initié par un collectif puis mené par une association, il est maintenant accompagné par une entreprise. Seul le futur, nous dira, s’il conduira à la création d’une coopérative dédiée au traitement des D3E fonctionnant en circuit court.
La future AG d’Electrocycle, l’Asso D3E se tiendra à la fin du mois. Il nous a semblé pertinent de faire un point rapide sur l’expérimentation dite des 42 et d’expliciter les raisons d’une réorientation politique du projet D3E.
Check de l’expérimentation des 42 en partie en échec ?
Dans un précédent article, nous évoquions la mise en œuvre de l’expérimentation d’un outil de réseau social.
Une première question nous intéressait. Suffit-il de permettre à des personnes – qu’on ne connaît pas – de s’inscrire à un outil de réseau social pour constituer une communauté ? La communauté dont on parle ici, serait constituée afin de gérer une possible ressource commune, celle d’équipements électriques & électroniques mal aimés.
42 comptes avaient été créés avant que nous n’intervenions pour refermer les inscriptions sur le site assod3e.org. Nous avions alors envoyé un email à une partie des 42 pour informer de l’existence d’un nouvel article sur notre site Web expliquant le projet d’expérimentation. Voici quelques uns des messages d’erreurs que nous avions reçu : « This user doesn’t have a yahoo.com account », « 4.3.2 Internal error reading data », « Connection failure: », « Requested action not taken: mailbox unavailable ». Clairement, nous avions déjà affaire à du spam !
Après, un temps que nous estimons suffisamment long et en l’absence de réponses, nous avons décidé de supprimer l’ensemble des 42 comptes. L’expérience se conclue donc sur un « échec programmé ».
Nous nous interrogions également, dès le départ, sur la part du nombre de comptes qui devaient leur création à une action humaine et celle liée à une action automatique de robots. Cette question restera sans réponse. La faute a des humains un peu timides ou finalement pas trop motivés ? A moins que, comme nous le pensions, la très grande majorité (voire l’intégralité) des comptes aient été le fait de robots.
Au final, l’expérimentation du réseau social Electrocycle continuera avec les seuls membres de notre réseau informel constitué à l’occasion de ces plus de 2 années de conduite de projet.
A noter, que si d’éventuels lecteurs de cet article, souhaitaient rencontrer quelques-uns de ces membres, ils pourront le faire lors du prochain atelier de démontage/inventaire qui se tiendra comme chaque second vendredi du mois à la Rockette Libre dans les locaux de la ressourcerie de la Petite Rockette.
Un chèque pour un Cheikh ?
Rappel des fondamentaux sur les associations et Electrocycle, l’Asso D3E en particulier.
« L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices. » art 1 de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d’association.
Electrocycle, l’Asso D3E a été constituée initialement pour :
- régler les problèmes pouvant survenir aux équipements électriques & électroniques de ses membres,
- mieux comprendre le phénomène d’obsolescence des équipements électriques & électroniques (le projet D3E),
- si cela avait été possible de créer l’emploi d’un ou plusieurs de ces membres.
Même si l’objet associatif est d’intérêt général : « améliorer le réemploi des équipements électriques et électroniques, la réutilisation des pièces détachées et composants de ces équipements ainsi que de contribuer à leur revalorisation. » (art 2 des statuts) L’association, à un niveau local, s’adresse avant tout à ses membres ou associés. Nous étions néanmoins conscient de l’intérêt que représentait notre sujet d’étude et c’est là, une des raisons qui nous a poussé à vouloir constituer une communauté – au-delà ou en deçà de l’association et de ses objectifs – sans nécessairement étendre le nombre des associés.
Quel rapport entre InfoGnuEureka et Electrocycle, l’Asso D3E ?
Une question posée lors d’un atelier participatif d’éducation populaire à la Rockette Libre nous pousse à éclaircir le rapport qu’il existe entre l’entreprise InfoGnuEureka et l’Asso D3E.
Le projet D3E est entièrement financé par ses membres dont l’un est le gérant de la société InfoGnuEureka qui accompagne officiellement depuis janvier 2014 ce projet. Même s’il est source d’une vraie richesse intellectuelle, il ne dégage aucune recette. [Il n’avait d’ailleurs pas vocation à le faire.]
L’association – et nos statuts devraient être revus en ce sens lors de notre future AGE – ne propose pas de prestations. Celles-ci seraient réservées aux membres et partenaires du « projet D3E » qui souhaiteraient vivre du travail qu’ils ont pu effectuer durant ces dernières années. Pour citer un ami, « le bénévolat est un travail. » Cette expérience a peu à peu transformer le secrétaire de l’association en un Cheikh, titre arabe qui correspond au « sage ». Temps et argent ont été investis et nous croyons que ce projet est maintenant prêt à être présenté aux politiques.
Les D3E, un problème plus politique que technique à financer ?
Nous n’en n’étions pas aussi conscient au début, lors du lancement du projet, mais, le projet D3E est éminemment politique. Il touche à la manière même dont est organisée notre société occidentale et aux comportements des producteurs comme des consommateurs.
Les D3E sont des objets transversaux qui renvoient à l’open science, à l’open access, au bien commun, au libre, à la propriété industrielle, à l’open data et tout ce qui touche de prêt ou de loin à l’innovation et à l’environnement.
C’est un projet qui nous a permis d’accumuler une expérience et un réseau extrêmement riche et de valider nombres d’hypothèses. Parmi celles-ci, le fait que, le dorénavant gérant d’InfoGnuEureka, a validé sa capacité de relier des éléments qui font sens. En éclairant la nature des vrais problèmes, il est à même de proposer des réponses adaptées en mettant en relations les personnes ad hoc et œuvrer grâce à l’intelligence collective dans l’intérêt commun. InfoGnuEureka : « Donner du sens, gagner du temps. »
Ces années de recherche nous ont conduit à faire 5 propositions et à apprendre une grande leçon. Si on veut que quelque chose soit (bien) fait, il faut souvent le faire soi-même !
Néanmoins, au regard de l’ampleur du projet, du contexte général d’utilisation plus efficace de nos ressources — voir par exemple sur ce sujet, le récent rapport du Bureau européen de l’environnement – et sachant que depuis la loi du 15 juillet 1975 relative à l’élimination des déchets et à la récupération des matériaux, « Les communes ou les groupements constitués entre elles assurent, […] l’élimination des déchets des ménages » (art 12), il faut être pragmatique.
Il est temps de contacter politiques ou politiciens pour découvrir s’ils seront voir leur intérêt et celui de nos concitoyens en rémunérant le travail restant à faire, voire celui déjà effectué ?
InfoGnuEureka posera directement la question à travers un vice-président d’un conseil général et aux élus d’une municipalité.
Le 11/04/2014
CD