Le titre de ce premier article de l’année 2014 du blog d’Electrocycle, l’Asso D3E, est emprunté au dossier « Les technologies de l’information communication et l’impératif de sobriété » publié par la Revue Durable de juin-août 2013 dans le numéro 49. La lecture de ce numéro fait écho à une partie de ce que nous avions découvert, depuis nov. 2011, lors de notre action-recherche sur les DEEE (déchets d’équipements électriques & électroniques). Bref aperçu du contenu de la Revue Durable dédiée aux TIC autour de 5 axes que nous pensons importants pour la compréhension des D3E.
- Méconnaissance des impacts environnementaux des TIC
- Les déchets, bien gérés peuvent être des ressources
- Economie sociale et solidaire et innovations, même combat en faveur du traitement des e-déchets ?
- L’énergie, un autre des talons d’Achille des EEE
- Pour un changement de paradigme à travers une gestion du bien commun et des villes repensées : une transition en cours ?
1. Méconnaissance des impacts environnementaux des TIC
1.1 Les TIC ne sont pas vertes
1.1.1 « la grande illusion des technologies de l’information communication vertes » p. 48
« Le secteur des TIC est responsable de plus de 2% des émissions de gaz à effet de serre globale.[…] Leurs émissions augmentent de plus de 6% par an soit trois fois plus vite que l’ensemble des émissions. » Elles n’ont « pas été conçues aux fins du développement durable. […] Leur déploiement se situe dans la perspective classique du développement technique et économique : rendements croissants, augmentation de la productivité, croissance de la production et de la consommation. »
Pour l’auteur, contrairement à ce que certains veulent faire croire, les TIC n’ont pas le potentiel de réduire drastiquement les émissions de C02 en optimisant les transports, ou en substituant des biens et services par des équivalents moins énergivores (vidéoconférences, ecommerce, elearning, ebooks..) ou en rendant les objets (maisons, moteurs, réseaux) intelligents.
1.1.2 « Indicateurs sur la société de l’information : vous avez dit virtuel ? » p. 16
On y apprend :
a. qu’il y aurait 187 millions de sites Internet actifs dans le monde, plus d’1,1 milliard de personnes ayant un compte Facebook, près de 2 milliards d’ordinateurs, pas loin de 7 milliards de téléphones portables, 600000 centres de données.
b. que la catégorie de déchets qui croît le plus vite en Europe (de 3 à 5% par an), c’est celle des DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) ; que leur taux moyen de recyclage en Europe se situe autour de 30% et qu’aux Etats Unis, 75% des e-déchets finissent en décharges, sont incinérés ou exportés vers l’Asie…
c. « que même collectés séparément et recyclés avec les meilleures technologies disponibles, on ne récupère, dans le meilleur des cas, que 75% des matières de base ». Le reste s’évapore ou doit finir dans une décharge pour produits toxiques.
d. qu’« En France, 7 kg par personne et par an sont collectés sur un gisement total d’environ 20 kg. Les 13 kgs restants attendent dans un placard, partent à la poubelle ou sont exportés. »
e. que « les différents types d’écran LCD accaparent 80% de la production mondiale d’indium » et que « le gisement disponible d’indium représente 10 à 15 ans d’exploitation, pas plus ».
1.2. « L’industrie polluante cultive l’ignorance dans les sciences, l’expertise publique et les esprits. » p. 7
Pire, « la science est pervertie pour produire de faux constats » et « l’agrochimie a infiltré toute l’expertise publique » d’après une interview de la Revue Durable de Stéphane Foucart, auteur de « La fabrique du mensonge. Comment les industriels manipulent la science et la mette en danger. »
1.3 Il est possible de faire durer ces équipements électriques et électroniques
« conseils pratiques pour faire durer son équipement le plus longtemps possible ». p. 28
2. Les déchets, bien gérés peuvent être des ressources
« La terre de la grande promesse » p.15
« L’Union européenne promeut le recyclage des e-déchets et, puisque cela ne suffit pas, l’expansion minière, comme toutes les grandes puissances. Le résultat est une pression globale de plus en plus colossale sur les ressources irrémédiablement comptées de la planète. Et des montagnes d’e-déchets – formidablement mal gérés à l’échelle du monde – qui empoisonnent les écosystèmes. » p.15
« Des mines urbaines pour boucler les cycles des métaux critiques » p. 19
« Dans une économie circulaire, les déchets des uns, notamment informatiques, servent de ressources aux autres, et les ressources minières migrent en partie depuis le sous-sol de la Terre vers la surface des villes. A deux conditions expresses : optimiser la collecte et le tri des DEEE et développer les technologies pour récupérer de mieux en mieux les métaux critiques qu’ils contiennent. »
Un exemple parlant. « Une tonne de gravats d’une mine primaire contient 5g d’or. Une tonne de téléphones portables en contient 300-350 g. »
3. Economie sociale et solidaire et innovations, même combat en faveur du traitement des e-déchets ?
- « La suisse améliore le recyclage du matériel informatique dans le monde. » p. 22
- « L’économie sociale et solidaire favorise le réemploi du matériel informatique » p. 40
- « Vers l’ordinateur durable » p. 25
- « Fairphone, un téléphone pour ouvrir les yeux » p. 30
- « Guide pour une informatique plus durable » p. 52
4. L’énergie, un autre des talons d’Achille des EEE
- « Les moyens de réduire la consommation électrique des centres de données sont très importants » p. 33
- « Mille et une astuces pour consommer moins d’électricité sur Internet » p. 38
- « En Pologne, des villageois tiennent tête à hevron, qui veut exploiter les gaz de schiste. » p. 68
5. Pour un changement de paradigme à travers une gestion du bien commun et des villes repensées ?
« Le développement effréné des TIC a besoin d’un cadre » p. 44
« Les machines quasi irréparables, des logiciels obèses qui saturent les appareils et les rendent inopérants, des opérateurs de téléphonie mobile qui poussent à surconsommer. Le principal moteur du développement des TIC a tout à voir avec la cupidité de quelques grosses entreprises et rien à voir avec La quête du bien commun. Pour aider au progrès, l’essor des TIC doit tout simplement être encadré. »
« Des villes en quête de durabilité aux prises avec une économie non durable » p. 61
« L’économie écologique envisage l’avenir avec enthousiasme » p. 62
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En espérant que ces quelques citations vous aient envie d’en savoir plus, en lisant le numéro 49 de la Revue Durable ou en agissant par vous même à la réduction des D3E à la source.
Pour en savoir plus sur la thématique des métaux, voir par exemple cette vidéo.
Le 3 janv. 2014
CD
Une réponse sur « Les TIC et l’impératif de sobriété »
Merci Cyril pour cette lecture guidée et pour ces rappels (ou découvertes pour certains) sur le green washing scandaleux qui tourne autour du numérique et des TIC qui vont sauver le monde, la couche d’ozone et plein d’autres balivernes du même jus. Il est temps que de plus en plus de gens ouvrent les yeux sur les coulisses de tout ça.
Rappelons simplement que 10% de l’électricité mondiale est consommée par… Internet !
Quelques lectures complémentaires :
– Impacts écologiques des Technologies de l’Information et de la Communication
– Le coût énergétique d’Internet équivaut à 30 centrales nucléaires
– Une recherche Google a un coût… énergétique
Sinon, pour éviter d’acheter de nouveaux matériels informatiques et numériques, passez à l’occasion ou à la récupération. Quelques adresses :
– Ecodair
– Recommerce
– adb Solidatech